Avant 1968, les auteurs dramatiques préféraient faire parler leurs personnages en français international, plutôt
que de mettre en scène la véritable manière de parler des Québécois. Michel Tremblay décide de mettre dans la bouche de ses
personnages les mêmes mots qu’on entendait dans les rues de Montréal à l’époque. Cette première utilisation du
joual a bien certainement eu un effet considérable sur le public. Le dramaturge Jean-Claude Germain, qui était également présent
dans l’univers théâtral en 1968, explique la portée de l’écriture de Tremblay dans Les Belles-sœurs : «La langue des Belles-Soeurs a eu un impact émotif extraordinaire sur le public que personne
n'avait vu venir. C'est une langue parlée, populaire. Une langue vernaculaire. Une langue qui fonctionne à partir d'images
et non de concepts. Pour la première fois, un auteur d'ici parlait aux gens dans la salle avant de penser écrire pour l'univers
entier...». Par la suite, le théâtre québécois ne pouvait plus jamais être le même.
Effectivement, Michel Tremblay venait d’amener sur scène une toute autre manière de représenter. Jean-Claude Germain
décrit comment cette pièce a transformé le milieu théâtral au Québec : «La création des Belles-Soeurs a eu l'impact immense
que l'on sait, mais dès la lecture, cela était évident, d'une clarté absolue pour tous ceux qui étaient là: tout venait de
changer. Rien n'allait plus être pareil. Avant, on montait des pièces comme avant la Révolution tranquille, dans une langue
désincarnée. Après, on ne pouvait plus: on sautait dans le présent d'une dramaturgie nationale qui, par définition, parlait
à tout le monde.». Ainsi, après l’arrivée de Les Belles-sœurs plusieurs auteurs
ont poursuivi dans la même lignée que Michel Tremblay en présentant des personnages dans lesquels les Québécois se reconnaissaient.
Résumé de la pièce
La popularité mondiale
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