La pièce de Michel Tremblay est grandement inspirée de la tragédie grecque. En effet, à plusieurs reprises les
femmes se regroupent pour former un chœur. Ces personnages se servent de ce procédé théâtral pour clamer leur mécontentement
sur plusieurs sujets tels que la monotonie du quotidien, leur trop grosse charge de travail, etc. Michel Tremblay lui-même
explique comment lui est venue cette idée d’utiliser la tragédie pour mettre en scène des femmes québécoises :
« C'est comme un exercice de style. J'ai essayé avec cette pièce d'utiliser la langue de mes parents d'une façon nouvelle.
Je me suis demandé si c'était possible de prendre la langue telle quelle, de faire une tragédie grecque en utilisant le joual.
On connaît l'histoire. Elle a réussi à traverser les époques.». Le contraste entre le niveau de langage utilisé ainsi que cette référence
à une forme de théâtre très noble (la tragédie) démontre bien, encore une fois l’audace dont a fait preuve Michel Tremblay
dans son écriture.
Aussi, à la fin de la pièce le personnage de Germaine Lauzon se retrouve seule, bouleversée après que ses invités
lui aient volé ses timbres : « Mon dieu! Mon dieu! Mes timbres! Y me reste pus rien! Rien! Rien! Ma belle maison
neuve! Mes beaux meubles! Rien! Mes timbres! Mes timbres! ». Le désespoir de Germaine nous rappelle le côté tragique de la pièce :
une femme pour qui un prix devient sa seule raison de vivre et qui s’écroule après l’avoir perdu.